PrEP : le nouvel outil de la prévention

PrEP : le nouvel outil de la prévention

Prophylaxie pré-exposition (PrEP)

La PrEP en France découle d’une note du Ministère de la Santé en date du 23 novembre 2015. Dans cette note, Marisol Touraine faisait part de son souhait de voir les populations exposées à un haut risque d’infection par le VIH accéder dans des délais très proches à un outil supplémentaire de prévention, la Prophylaxie pré-exposition ou PrEP. La ministre motivait sa décision par les récents résultats de l’essai ANRS IPERGAY ayant démontré qu’un traitement antirétroviral pris au moment des rapports sexuels permet de diminuer de près de 90% le risque d’être infecté par le VIH –> (cliquez pour lire un résumé des résultats de l’essai).

Suite à cette note, le 4 janvier 2016, l’ANSM (Agence Nationale de Sécurité du Médicament) a annoncé la mise en place d’une recommandation Temporaire d’Utilisation (RTU) pour le Truvada, traitement antitrétroviral correspondant à l’association de deux molécules.

La consultation PrEP est opérationnelle depuis peu dans les services VIH qui prennent en charge le VIH au sein des trois hôpitaux adultes du COREVIH, à savoir les hôpitaux :

Pré : en prévention, avant

Exposition : en contact potentiel avec le virus VIH

Prophylaxie : traitement pour empêcher une infection de se produire.

La prophylaxie pré-exposition (PrEP) consiste dans le cadre d’un suivi médical à proposer un traitement anti-VIH, en l’occurrence le Truvada, à toute personne âgée de 18 ans ou plus, séronégative pour le VIH, faisant partie d’un groupe à haut risque d’acquisition du VIH par voie sexuelle, ce dans le but de limiter le plus possible le risque de contamination lors de rapports sexuels non protégés. La « PrEP » consiste donc à prendre un médicament antirétroviral en préventif afin d’éviter d’être contaminé. Elle nécessite un accompagnement ainsi qu’un suivi médical régulier.

La délivrance de la PrEP s’effectue dans un cadre strict de prescription. La France est le 1er pays européen à pouvoir prescrire le Truvada dans cette indication. Il s’agit d’une prescription médicamenteuse qui était au départ uniquement hospitalière, et qui depuis un arrêté publié au JO le 7 juin 2016 est accessible à l’ensemble des CeGIDD.

Considérée comme un outil additionnel d’une stratégie de prévention diversifiée, la « PrEP » a aussi pour objectif d’informer et de réduire le risque de la transmission de l’ensemble des IST. A noter que le traitement en lui-même, s’il est efficace contre le VIH, il ne protège pas des autres IST (VHB, VHC, syphilis, chlamydia, gonococque…), à la différence du préservatif.

La PrEP concerne en particulier les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes, les travailleurs et travailleuses du sexe, les personnes transgenres, les usagers de drogue par voie intraveineuse. En pratique, le rapport d’experts sur le VIH/Sida a recommandé que la PrEP puisse être prescrite :

  • aux HSH non infectés par le VIH rapportant des relations anales non protégées avec au moins deux partenaires sur une période de six mois ;
  • ou ayant présenté plusieurs épisodes d’IST (syphilis, infections à Chlamydia, gonococcie ou primo-infection par les virus des hépatites B ou C) dans l’année.
  • ou ayant eu plusieurs recours à une prophylaxie antirétrovirale post-exposition dans l’année.
  • ou ayant l’habitude de consommer des substances psycho-actives lors des rapports sexuels.
  • aux personnes transgenres ayant des relations sexuelles non protégées,
  • la PrEP pouvant également être envisagée au cas par cas (usager de drogues intraveineuses avec partage de seringues, personne en situation de prostitution exposée à des rapports sexuels non protégés, personne en situation de vulnérabilité exposée à des rapports sexuels non protégés à haut risque de transmission du VIH)

Cette prise en charge financière à 100 % ne concerne que le médicament. Les consultations de suivi, les examens de dépistage d’éventuelles IST, les autres bilans biologiques, relèvent de la prise en charge habituelle par l’Assurance Maladie. Le traitement par Truvada sera prescrit pour un mois maximum pour la prescription initiale, puis par période de 3 mois, avec un suivi biologique.

Sa prescription dans le cadre de la RTU est réservée à ce jour aux médecins spécialisés dans la prise en charge du VIH, exerçant dans les services VIH et/ou dans les CeGIDD. La consultation médicale (au moins la 1ère d’entre elles) doit être couplée ou réalisée en binôme avec un volontaire associatif formé à la PrEP (association AIDES, rôle d’information et de soutien). En ce qui concerne les modalités de dispensation pharmaceutique, le patient peut se procurer le médicament soit en pharmacie hospitalière, soit en pharmacie de ville.

Le protocole de suivi de la RTU Truvada est consultable sur le site internet de l’ANSM  –> cliquez sur lien

Comme cela a été rappelé par l’ANSM, « l’utilisation du Truvada dans la PrEP s’intègre dans une stratégie de prévention diversifiée  de la transmission du VIH par voie sexuelle incluant la promotion de l’usage du préservatif, qui protège non seulement du VIH mais également des autres infections sexuellement transmissibles ».